La semaine fut magistrale
Durant toute la semaine dernière, des musiciens d’horizons divers ont suivi le cours de maître international donné par le Trio Takács. Bilan de cette expérience, qui s’est soldée, samedi, par un concert de clôture à l’aula du CO de la Gruyère.
« La musique, c’est montrer ce qu’il y a entre les notes », a déclaré Dénes Várjon lors d’une des leçons publiques du cours de maître international pour trios donné la semaine dernière. Les maîtres hongrois du Trio Takács se sont attachés à le démontrer lors de leçons intensives.
Tel qu’il a été conçu, le cours a permis à chaque élève d’avoir chaque jour une leçon de trois heures. Les participants en sortaient épuisés, mais heureux : ils ont travaillé à un rythme soutenu, passant à la loupe chaque œuvre, chaque mouvement, chaque mesure voire chaque note. Rien n’était oublié, ni les détails techniques, ni la musicalité, ni le sentiment. Résultat, les élèves ont progressé à vue d’œil. David Spencer, violoniste du Trio La Fenice, a souligné l’excellence de Dénes Várjon, qui dit plus ce qu’il faut ressentir que ce qu’il faut faire.
Le Trio La Fenice, constitué d’étudiants des Conservatoires de Manchester et de Londres préparant le concours du Royal northern college of music à Manchester, a été un peu désarçonné au début, réalisant que le cours serait plus difficile que prévu. Mais les aspects intéressants ont été nombreux : apprendre à mieux jouer « ensemble », à s’écouter, à mieux ressentir les émotions véhiculées par la musique, et aussi travailler avec des maîtres dont les leçons sont parfois contradictoires, mais complémentaires.
Au-delà de la musique, les musiciens anglais ont unanimement apprécié la nourriture suisse... mais aussi la possibilité d’étudier intensivement, due au petit nombre de participants. Ils ont aussi aimé la région, à tel point que Martion Johnson, le violoncelliste du trio, n’a pas hésité, plus d’une fois, à aller jouer dans les champs.
Du côté des enseignants, Gábor Takács est conscient que la première édition d’un cours est toujours la plus difficile à organiser. Mais il encourage fortement le comité des Jeunesses musicales gruériennes à poursuivre sur cette vote. Il estime qu’avec une bonne publicité – tant formelle que par le bouche à oreille – un tel cours, qui plus est dans le cadre de la Gruyère, pourra se faire un nom dans le monde de la musique. En outre, il souligne qu’un cours axé sur la musique de chambre en été comble un mangque réel en Suisse.
Concerts à la clé
Trois soirées de concerts ont complété le cours de maître. Lors de la première, le Trio Takács avait conquis le public avec des œuvres de Haydn, Liszt et Dvorák. Le concert de clôture, donné à l’aula du CO de la Gruyère à Bulle, n’a pas déçu non plus. Le moment original de cette soirée fut incontestablement l’exécution du Trio concertant de László Lajtha, un moment d’étonnement où le violoniste Gábor Takács et le violoncelliste furent éblouissants.
Les élèves ont aussi eu l’occasion de montrer leur talent et les résultats d’une semaine de travail intensif. Les grands moments de cette soirée furent le Grave de la Sonate II en la mineur pour violon seul de Bach, où Anne-Frédérique Léchaire a raconté avec sérénité une belle historie, et l’exécution pleine de musicalité, d’expressivité et d’émotion parfois retenue du Trio N° 1 de Schubert par le Trio La Fenice.
DF
Gruyère
Août 1999
Cours de maître