Ignace PLEYEL: Concertos pour violoncelle
Péter Szabó (violoncelle), Orchestre de chambre Erdődy, dir. Zsolt Szefcsik.
Hungaroton 2 CD HCD 32067-8 (Intégral). 2001. 2 h 10’
Image claire et cohérente. Timbres respectés. Violoncelle bien présent.
Cette intégrale des concertos pour violoncelle de Pleyel vient avec bonheur enrichir à la fois notre connaissance et un catalogue finalement assez maigre (un concerto parci par-là, quelques pièces de chambre...) pour un compositeur qui fut à son époque l’un des plus joués et édités en Europe.
Certes, le temps a remis à sa place la production de cet élève de Haydn, auteur surtout de musique de chambre (une production considérable), de quarante et une symphonies et d’un peu de musique vocale. On résumera en disant que Pleyel, à défaut de génie authentique, disposait de réelles ressources pour écrire une musique agréable, élégante, bien tournée. Mais dans la production si abondante d’un auteur plus caractérisé par son métier et son habileté que par son inspiration, les pages creuses et banales abondent.
Heureusement, les concertos pour violoncelle se rattachent au meilleur de ses compositions. On trouvera donc ici trois concertos écrits directement pour cet instrument (Ben 101, 104 et 108 – le Ben 102 est perdu), plus les Ben 105 (écrit aussi pour alto) et 106 (la clarinette ou la flûte peuvent y remplacer le violoncelle). Ces pages datent de la période strasbourgeoise de Pleyel (les années précédant la Révolution, sans doute les plus fécondes pour lui sur le plan artistique) ainsi que de sa période parisienne. Elles équivalent aux concertos de Haydn ou de Boccherini. Bâtis de façon très classique sur le modèle vif-lent-vif, ces concertos présentent un Allegro introductif développé, avec sa cadence traditionnelle, un mouvement lent très chantant privilégiant l’aspect élégiaque de l’instrument soliste, enfin un mouvement conclusif plus bref, souvent décoratif (mais le Rondo-Allegro du Ben 104, brillant et vigoureux, ne manque pas d’allure). Dans ce cadre formel, Pleyel, la plupart du temps, nous gratifie d’une musique solidement écrite (les parties solistes sont très élaborées, le violoncelle est superbement mis en valeur), avec un discours fermement mené, un dialogue presque constamment inventif entre le soliste et l’orchestre, et parfois, déjà, de beaux climats préromantiques.
Il faut dire que le jeu de Péter Szabó soutient constamment l’intérèt. Son interprétation est vivante, engagée (il nous offre de belles cadences), incisive dans les mouvements rapides, retenue et pudique dans les mouvements lents, sa sonorité est chaleureuse, sa technique impeccable. Il est secondé efficacement par un orchestre homogène et souple. Défendus ainsi, ces concertos constituent une bien agréable surprise.
Jean-Pascal Hanss
Répertoire
Avril 2003